samedi 2 août 2008

Jean-Christophe Ruffin, Le parfum d'Adam




Le Parfum d'Adam
ou

l'Ecologie radicale et ceux qui la manipulent



Le très jeune Académicien, Jean-Christophe Ruffin, a publié un roman policier ayant pour thème central l'écologie radicale.

L'auteur, grand médecin, grand scientifique, pionnier de l'humanitaire en France, diplomate et habile négociateur, s'étant fortement, et avec succès, impliqué dans la résolution de problèmes diplomatiquement épineux et physiquement dangereux telles que des prises d'otages, donne pour la première fois dans le thriller, et dans le thriller écologique au rond-point de la politique, de l'idéologie et de la science, labyrinthes qui lui sont autant de sentiers de promenades dominicales.

Si vous aimez les polars, vous serez ravis, et même comblés. On se croirait dans un policier traduit de l'américain par un excellent auteur français, quelque chose comme du Poe traduit par un Baudelaire.
Car, voyez-vous, écrire un polar autour de l'écologie, voilà qui semblait aussi peu propice à susciter un quelconque intérêt que de lire Poe non traduit par Baudelaire...
C'est le signe d'un grand auteur de faire sien, par le fond et la forme, n'importe quel sujet (à la mode ou pas) et de le mettre en valeur à ce point. Ruffin y réussit magistralement.
L'écriture, efficace, plonge immédiatement dans l'ambiance du pur thriller américain le lecteur qui se prend à rêver de voir un jour prochain le roman porté à l'écran.

Dans ce long roman (540 pages), qui promène le lecteur tout autour de la planète, Jean-Christophe Ruffin pose le problème crucial du "fondamentalisme" écologique qui, après le fondamentalisme islamique est considéré aux Etats Unis par le FBI comme le deuxième danger majeur qui menace la liberté et la démocratie.

Cette problématique, ignorée en France où le terrain commence juste à être préparé par des gentils écolos sincères à la sympathique bouille pour qui faire de l'écologie consiste à construire une maison aux normes environnementales et à se déplacer sur les pistes cyclables que les municipalités développent pour montrer l'attention qu'elles portent à la planète ; cette problématique, donc, ne manquera pas de se développer aussi chez nous dans les années à venir, et avec d'autant plus de force, de rapidité et de violence que les désordres climatiques s'affirmeront.

Il est doux de voir penser par un esprit de premier plan, reconnu et honoré par la Nation, ce qu'on pense soi-même, anonymement mais avec clarté, contre l'obscurantisme du discours commun de l'écologie et du développement durable qui ne sont pour ainsi dire plus que des alibis, de trop bonnes oppotunités pour certains de redorer leur respectabilité idéologique. Les fanatiques d'hier, gauchistes bon teint mais en besoin rapide de recyclage d'image vont pouvoir faire oublier leur gauchisme et leur marxisme-léninisme en enfilant le dossard de l'écologie.
Les Rouges deviendront Verts. Les méthodes de terrorisme physique ou moral, l'acharnement, le fanatisme resteront inchangés.
Les victimes qui feront les frais de ce nouveau fanatisme seront toujours les mêmes : les pauvres, les déshérités (cela se voit déjà dans la société française, j'en parlerai prochainement).
Au delà, la dérive de l'écologie fondamentale, de la deep ecology, prouvera, dès qu'elle montrera son vrai visage, que l'idéologie qui la fonde est viscéralement anti-humaine, anti-Homme, anti-Droits-de-l'homme, comme le sont strictement et absolument tous les extrémismes.


La parfaite honnêteté intellectuelle de Jean-Christophe Ruffin le pousse, dans une Postface, à replacer son roman dans la perspective de la pensée philosophique actuelle (depuis une quinzaine d'années) et de la création littéraire (notamment en Amérique du Nord).

Il est réconfortant d'y lire (page 534) cette référence à l'ouvrage de Luc Ferry "Le nouvel ordre écologique", dont j'ai déjà parlé dans un précédent post, par opposition au "Nouvel ordre écologique" de Michel Serres, rappelant justement que Ferry fut le premier à attirer l'attention sur ce qu'on appelait alors "l'écologie profonde" et qu'il convient désormais de nommer, il me semble, le fondamentalisme écologique.

Une phrase du roman (page 169), parmi d'autres mériterait l'inscription lapidaire aux frontons confits de bienpenseance de nos journaux nationaux, histoire de rappeler que, depuis René Descartes, la France est censée être le pays de l'esprit critique et du doute méthodique :
"Un mensonge est d'autant plus facile à fabriquer qu'il met en jeu des stéréotypes."

Et l'ouvrage tout entier est une invitation à rejeter en doute ces stéréotypes écologiques pour les regarder à la lumière d'une raison critique et les soumettre à un questionnement bien plus radical, conduisant à penser le rapport entre les deux hémisphères de la planète sur d'autres bases.

Sur cette sorte de mise en "inculpation de l'Humanité", qui est déjà -et sera chez nous, demain, portée par les gauchistes bienpensants d'aujourd'hui en fin de réorientation idéologique- la base pseudo-théorique qui "justifiera" la violence des jugements et des actes contre l'Homme, je citerai le début de la Postface, pge 533 :

"Les événements qui constituent la trame de ce roman, s'ils ne sont pas véridiques, ne me paraissent pas non plus, hélas, invraisemblables. En tous cas ils alertent sur un risque bien réel, que chaque grande conférence internationale consacrée à l'avenir de la planète fait resurgir : la mise en accusation des pauvres, considérés non plus comme un enjeu de justice, et de solidarité, mais comme une menace. De la lutte contre la pauvreté, nous sommes en train de passer à la guerre contre les pauvres."



1 commentaire:

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