mercredi 10 septembre 2008

Renaud Camus, La grande déculturation

Renaud Camus, La grande déculturation

Fayard, 2008


« Camus est un réac ! Camus est un raciste ! » Voilà ce qu’on entend, voilà ce qu’on lit dans les critiques ici ou là, dans les pages des journaux ou sur les blogs plus ou moins littéraires mais toujours très bienpensants.

Avant de condamner un écrivain si prolifique, j’ai pris le parti de le lire. Et me voilà terminant « La grande déculturation », son dernier ouvrage.

Pour l’avoir lu de près, j’assure qu’on n’y trouve rien de raciste au sens réel du terme. Ou alors, il est raciste au même titre qu’Alain Finkielkraut, c’est-à-dire qu’il pense en dehors des chemins battus par les vents de la pensée unique, désintellectualisés par le Roundup du politiquement correct, cryogénisés par l’idéal d’une prolétarisation massive de la classe bourgeoise, la seule qui porta jusqu’à présent la culture. Réac ? Alors au sens où Malraux définissait et défendait la culture. Raciste ? Facho ? Parce que c’est l’insulte flash des ignares décérébrés par l’idéologie populacière du Meilleur des monde.

Chez Wells, ou Orwell, Renaud Camus serait à abattre. Un terroriste. Il évoque pour le défendre un monde presque disparu, d’une Atlantide presque immergée : le Jurassic Park de la culture et de la pensée libre.

Tout d’abord, j’émets de profondes réserves sur le fait que ceux qui calomnient Renaud Camus l’aient effectivement lu.

C’est un drôle d’auteur Renaud Camus et sa prose peu facile d’accès (c’est une litote) décourage certainement un grand nombre de lecteurs possibles de ses œuvres, même parmi de grands « liseurs ». Non pas qu’il écrive mal, loin de là. Tout est précis et la syntaxe jamais bafouée. Pour lire Camus, il faut savoir lire, c’est un fait. Il faut s’accrocher parfois, ne pas hésiter à revenir quelques lignes plus haut, pour reprendre la phrase à son origine et en dégager le squelette puis l’argument, au-delà des multiples précisions, nuances, éclairages, mises en opposition ou en miroir, limitations ou extrapolations, ouvertures suggérées ou apories pointées.

Camus développe sa pensé féconde et profonde, éclairante et nuancée à la manière d’un penseur grec mais, là où l’on trouverait dix phrases chez Aristote, Camus n’en fait qu’une seule. Ceux qui se sont frotté à Aristote comprendront.

Renaud Camus accorde un excellent entretien à l’essayiste et journaliste Elisabeth Levy et donne une parfaite approche de La grande déculturation en deux pages :

http://www.causeur.fr/la-democratie-contre-la-culture,762

http://www.causeur.fr/la-democratie-contre-la-culture,762/2

A approfondir…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

c'est bien mais c'est bref
c'est bref mais c'est bien

à approfondir !